Les Régimes Autoritaires

Introduction:      

“Les douze “Ennemis d’Internet” (Arabie Saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Égypte, Iran, Ouzbékistan, Syrie, Tunisie, Turkménistan, Viêt-nam) ont tous transformé leur réseau en intranet, empêchant les internautes d’accéder aux informations jugées “indésirables”. Tous ces pays s’illustrent non seulement par leur capacité à censurer l’information en ligne, mais encore par la répression quasi systématique des internautes gênants. Nous parlerons tout d'abord de la Chine qui est un gouvernement autoritaire puis de l'Iran .

 

 

1) La Chine

 La Chine assure une répression sur Internet. Avec la plus grande population d’internautes au monde, la censure est l’une des plus dures au monde.

En janvier 2009
Population: 1 321 290 000
Internautes
: 300 000 000
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé
: environ 1,50 euro
Salaire mensuel moyen
: environ 170 euros (Banque populaire de Chine)
Nombre de cyberdissidents emprisonnés: 49


A) Présentation chinoise

Les Jeux olympiques de Pékin ont permis, sous la pression des médias étrangers, de débloquer des sites Internet.


Près de 40 000 employés de l'État et du Parti surveillent les fichiers qui circulent sur Internet. Depuis l’introduction d’Internet  dans le pays en 1987, les autorités contrôlent l’information disponible sur le Web grâce à leur expertise du Réseau. Par exemple, la plus grande plateforme de blogs utilisée dans le pays est surveillée par le ministère de l'information. Tous les blogs de cette plateforme étant hébergés en Chine, le gouvernement peut aisément les contrôler s’il juge leur contenu contraire aux principes du parti. En 2008, près de 3 000 sites d’information ont été rendus inaccessibles à l’intérieur du pays.

 

Le système de la censure est très organisé. Le Bureau de l’information du Conseil d'État et le Département de la publicité (ancien Département de la propagande), sont les principaux organes de censure du Web. Ils envoient sans relâche des consignes aux sites Internet. Un exemple parmi d’autres : "  Nous vous prions donc de ne pas utiliser d’articles provenant de ce journal. Les sites qui en auraient reproduit sont priés de les effacer immédiatement. Veuillez répondre à ce message." Cette consigne a été envoyée aux sites le 8 mai 2006 par Fan Tao, directeur adjoint du Bureau de gestion de l’information sur Internet de Pékin.

 Le gouvernement filtre les informations au travers de mots clés. Ces mots "interdits" peuvent parfois être remplacés par des zones vierges montrant la censure. Par exemple, tous les mots associés au mouvement pour la démocratie, réprimé dans le sang par les autorités, sur la place Tiananmen, en 1989, ont été interdits sur le Réseau. De plus, les termes comme “troubles”, “émeutes”, “massacres”, “révolte” , etc ne sont pas acceptés par les autorités. Les internautes tentent d’utiliser des signes tels que , entre les lettres des mots pour éviter la censure, mais les sites ont installé de nouveaux filtres qui détectent ces codes. Les sites répertorient même les homonymes et synonymes. Aujourd’hui, il y aurait environ 400 à 500 mots clés interdits relatifs aux événements du 4 juin 1989.

 Depuis le 5 janvier 2009, une grande campagne de filtrage a été lancée par le ministère de l'information, afin de lutter contre la pornographie. Le ministère a demandé aux acteurs de l'internet de redoubler de vigilance quant au contenu des sites auxquels ils donnent accès. Les autorités ont expressément demandé aux hébergeurs et fournisseurs d’accès de réguler eux-mêmes les publications en ligne. Mais parmi les sites bloqués figurent celui du New York Times.

 Un sur quatre des internautes disposerait d’un blog. Malgré ce contrôle “préventif”, des figures importantes se sont imposées grâce à leur travail de “journalisme citoyen” sur Internet. Le blogueur Zhou Shuguang, surnommé Zola, a gagné la confiance de ses lecteurs en couvrant des sujets de société. Son site, qui n’est pas censuré à l’intérieur du pays, est devenu une référence en Chine. Devenu l’un des porte-parole de la condition des ouvriers chinois, ce blogueur est pourtant régulièrement mis sous surveillance par les autorités locales, qui lui ont par exemple interdit de se rendre à Pékin lors des Jeux olympiques. Il lui est également impossible de sortir du pays. Actuellement, 49 cyberdissidents et blogueurs sont derrière les barreaux, la plupart pour “divulgation de secret d’Etat à l’étranger”.

 

  

B) Un Internet “ Made in China ” qui défie toute concurrence

Les services proposés par les entreprises chinoises totalisent les taux de consultation les plus élevés. Devant Yahoo ! et Google, le moteur de recherches le plus utilisé est Baidu.cn, qui totalise 60 % des recherches (20% pour Google) et filtre scrupuleusement les contenus nuisibles. Sur des sujets tels que “massacre de Tiananmen” ou “Charte 08” s’affiche le message suivant : "Certains résultats ne sont pas affichés en fonction des lois, règlements et politiques".

La plateforme de blogs la plus utilisée est Sina, qui a été la première à obtenir une licence du gouvernement pour pouvoir publier des informations. Elle est soumise au pacte d’autodiscipline imposé par la Société Internet de Chine (SIC) en août 2007. Le pacte "encourage" à enregistrer l’identité des clients avant de pouvoir mettre en ligne leurs articles et à garder leurs informations personnelles.

 Loin d’alléger la pression, le gouvernement a émis de nouvelles régulations, entrées en vigueur en janvier 2008, qui contraignent les sites Internet à obtenir une autorisation préalable du gouvernement. Les entreprises étrangères du secteur de l’Internet sont également mises au pas. Le moteur de recherche de Google, est censuré depuis 2004.

                                         

                Image par Goubelle|Dessinateur de presse de rue 89 |01/08/2008

   

C) Actualités 2009 

 

    .   17 février 2009

 La Chine détient depuis 10 ans le triste record du pays qui emprisonne le plus ses journalistes. Le pays s'apprête désormais à créer une liste noire les concernant. Ces "transgresseurs" seront interdits d'exercer leur métier et se verront retirer leurs cartes de presse. Ces mesures ne s'appliquent toutefois pas aux journalistes étrangers, La raison officielle de cette décision est d'en finir avec les fausses informations. Cette justification n'est pas approuvée par tout le monde : «cette histoire de combattre les fausses nouvelles est un masque ».


    .   25 mars 2009

Le site de partage de vidéos YOUTUBE, a été censuré en mars 2009 par les autorités chinoises après la diffusion d'une vidéo sur des manifestations à Lhassa, la capitale du Tibet.Ces vidéos ont été mises en ligne par un groupe de Tibétains en exil. Les vidéos montraient des centaines de soldats chinois en uniforme courant dans un monastère tibétain, certains battant un homme et  d'autres frappant à coups de pieds plusieurs hommes et femmes au sol, certains avec les mains liées dans le dos.  Le commentaire de ces vidéos affirmait qu'il s'agissait de scènes de violence  filmées lors de la répression des émeutes dans la capitale tibétaine le 14 mars 2008. De plus, ce blocage a été renforcé car Youtube a lancé une version chinoise du site permettant donc un accès plus facile aux chinois.

                                                                            

 

 

 


    .     20 octobre 2009

Le site www.berlintwitterwall.com  a été bloqué quelques jours après son lancement par les autorités chinoises. L’organisation demande au gouvernement de Pékin de permettre aux internautes d’accéder à cette initiative dédiée au 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Le site permet aux internautes de commenter la chute du mur de Berlin. Cette initiative a été très suivie dans le monde y compris en Chine où presque deux mille internautes ont laissé un message sur ce mur virtuel; la plupart demandait la fin de la censure en Chine, avant que l’accès n'ait été bloqué. L’organisation de liberté de la presse a ajouté : "Il y a tout juste quelques semaines, à la Foire du livre de Francfort, les représentants chinois ont fait valoir la promotion des échanges culturels. Pourtant, de nombreux sites d’informations et de réseaux sociaux restent inaccessibles aux utilisateurs chinois. " Ce site à été interdit car pour le gouvernement c'est un symbole de la chute du communisme. Voilà principalement pourquoi le régime ne souhaite pas le montrer à son peuple.

                                

                                                        

                                                                                             lemondedublog.com                                                              

 

     .    7 décembre 2009

L'état chinois offrira une récompense de 1 000 et 10 000 yuans qui équivaut à 100-1000 euros, aux internautes qui dénoncent des sites pornographiques. Cette opération vise essentiellement les sites internet publiant des contenus pour adultes ainsi que sur les téléphones mobiles. Les sites sur lesquels il n'y pas de contenus pornographiques, mais qui publient des liens qui renvoient des pages interdites aux mineurs peuvent également être dénoncés et leurs propriétaires risquent des fortes sanctions. Le gouvernement mène depuis plusieurs années des actions contre les sites "obscènes", mais les militants des droits de l'homme estiment que l'état a pour seul but de censurer des sites permettant la libre expression. Dans les 24 heures suivant le lancement de sa nouvelle campagne, le gouvernement annonce avoir reçu plus de 13 000 signalements. Seule la première personne dénonçant un site touchera la récompense.

La Chine s'en est également pris en 2009 aux moteurs de recherche, en les accusant de filtrer insuffisamment les contenus pour adultes. Le gouvernement a tenté d'imposer un logiciel de filtrage sur tous les ordinateurs de Chine. Depuis juillet, les ordinateurs neufs ne peuvent être vendus dans le pays, sans le logiciel baptisé "le barrage vert". Les particuliers sont toutefois libres de le désinstaller ou de débloquer certains des sites de la liste noire.

Le Monde.fr

Photo : Str/AFP



2) L'Iran

     Régulièrement, les autorités iraniennes jettent en prison ou harcèlent des bloggeurs affichant des critiques à propos des personnalités politiques ou religieuses, la révolution islamique et ses symboles. Le gouvernement exige que tous les bloggeurs déclarent leurs sites internet au ministère de l'Art et de la Culture. Les responsables du gouvernement affirment avoir bloqué l’accès à des millions de sites Web dont 5 millions en 2008. Un bureau du procureur, nouvellement créé, est spécialisé dans les questions relatives à l’utilisation de l'internet et travaille directement avec les services de renseignement. Une législation pourrait rendre bientôt la création de blogs promouvant « la corruption, la prostitution et l’apostasie ( attitude d'une personne qui renonce publiquement à sa religion) »  passible de la peine de mort. En 2008, les autorités ont arrêté ou interpellé 17 blogueurs. Soit 7 de plus qu’en 2007.Plus de 38 sites d’informations ont été censurés et, à l’approche de l’élection présidentielle, les sites étrangers d’information sont également censurés.

Evènements récents : 

  27 juin 2009

Depuis deux semaines, il est devenu difficile de savoir ce qui se passe réellement en Iran. Juste après la proclamation des résultats contestés de l'élection présidentielle, de nombreux manifestants ont eu recours à des sites de socialisation comme Facebook pour appeler à la résistance. Mais très rapidement les autorités iraniennes ont répliqué par la censure, en limitant l'accès à ces sites et en renvoyant les journalistes étrangers. Seulement depuis quelques jours, près de 18.000 Iraniens auraient téléchargé un logiciel permettant d'échapper à la censure. Cet outil internet a spécialement été conçu par des chercheurs canadiens pour contourner les systèmes de blocage et les filtres interdisant l'accès à certains sites d'informations. Par exemple, si un internaute veut accéder à un site de la BBC bloqué, une fenêtre s'ouvrira offrant un autre accès en passant par des serveurs à l'étranger. Les contrôles en Iran ne sont pas aussi omniprésents qu'en Chine, mais ils augmentent. 


    4 décembre 2009


Les arrestations de journalistes et de blogueurs se poursuivent toujours en Iran. La situation de la liberté de la presse s’aggrave de jour en jour en Iran. Les journalistes qui ont choisi de rester dans le pays sont sans cesse menacés ou convoqués par les services de renseignements. Parallèlement, plusieurs journalistes ont été condamnés à de lourdes peines de prison, à l’issue de procédures, une fois de plus, illégales. Nous rappelons qu’avec 28 journalistes et blogueurs incarcérés, l’Iran est la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes. Par ailleurs, dans des grandes agglomérations d'Iran, des journalistes ont été convoqués par les tribunaux révolutionnaires ou le ministère des Renseignements. Ils n’ont été libérés qu'après des heures d’interrogatoire et d’intimidation, certains contre le versement d’une caution ou se trouvent en attente de leur jugement.


        .  5 décembre 2009

 La plupart des liaisons internet avec l'étranger ont été interrompues ou sérieusement perturbées aujourd'hui le 5 décembre 2009, alors que plusieurs groupes d'opposition au président ont appelé lundi à des manifestations. Les autorités ont déclaré que ce n'était qu'une panne et non une décision de l'Etat.
Les liaisons internet, par SMS et parfois même par téléphone mobile, ont été régulièrement coupées ou brouillées par les autorités ces derniers mois lors des manifestations contre la réélection du président en juin. C'est cependant la première fois que certaines liaisons internet sont interrompues deux jours avant des manifestations prévues.

 


         

 

Nous pouvons donc en conclure que de nombreux pays dans le monde contrôlent leur population afin de pouvoir surveiller les différents faits et gestes comme les deux Etats étudiés auparavant . Ce sont donc des régimes autoritaires.

Ces censures de l'information ainsi que les emprisonnements sont omis par ces régimes principalement pour ne pas alerter l'opinion publique mais aussi pour éviter toute révolution.